024 n’a vraiment pas été une bonne année pour les défenseurs du cannabis médical. Et 2025 s’annonce tout aussi stérile… On vient d’apprendre que le cannabis thérapeutique ne figure pas dans le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).
Cette absence est un coup de grâce concernant l’usage du cannabis médical en France : non-seulement les chances de le voir légalisé s’amenuisent, mais en plus, les patients participant à l’expérimentation en cours se retrouvent, une année de plus, à devoir payer leur traitement.
Pour celles et ceux qui n’ont pas trop suivi l’actualité au sujet du cannabis thérapeutique en France, on vous explique tout ça en deux trois mouvements 😉
Mais au fait… Qu'est-ce que le PLFSS ?
Allez, on commence par une brève explication technique.
Le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) est un texte législatif annuel qui fixe les grandes orientations budgétaires et de financement des différents régimes de la Sécurité sociale en France. Il est examiné chaque année à l’automne par le Parlement et définit les recettes et les dépenses dans des domaines essentiels tels que la santé, la famille, la retraite, et les accidents du travail.
Le PLFSS joue un rôle central dans la gestion des politiques de santé, car il détermine les prestations prises en charge par l’Assurance Maladie et leurs conditions d’accès pour les citoyens.
L’absence d’une mention spécifique du cannabis thérapeutique dans ce document signifie que les médicaments à base de cannabis ne bénéficient toujours pas de reconnaissance officielle pour leur prise en charge.
Et là, vous pensez “normal qu’il ne soit pas remboursé, puisque le cannabis médical n’est pas légal en France”
Lisez la suite, vous allez comprendre. 👇
L’expérimentation sur le cannabis thérapeutique : 3000 patients sans aide…
Le cannabis médical avait été inscrit au PLFSS en 2020 grâce au député Olivier Véran, alors ministre de la Santé.
Cette inscription avait permis de lancer une expérimentation nationale en mars 2021, dans le cadre de laquelle 3 000 patients souffrant de pathologies graves comme des douleurs neuropathiques ou certaines formes d’épilepsie, pouvaient accéder à du cannabis thérapeutique sous forme d’huile ou de fleurs séchées.
L’objectif était d’étudier les effets de ce traitement et d’évaluer son efficacité en vue d’une possible légalisation à terme.
Cependant, cette expérimentation n’a pas été sans embûches (ce fût trop facile voyons !)
D’abord, son lancement a été retardé de deux mois sans raison apparente, laissant les patients et les professionnels de santé dans l’expectative. Ensuite, la taille de l’échantillon de patients s’est avérée très limitée : seulement 3 000 participants alors que de nombreux patients potentiels restaient sur le carreau faute de pouvoir intégrer le programme.
Enfin, et peut-être le plus problématique, cette expérimentation devait initialement durer deux ans, mais elle a été prolongée d’une année supplémentaire en mars 2023, alors que toutes les conditions semblaient réunies pour une évaluation et une potentielle intégration du cannabis médical dans le droit commun.
En 2024, nouvelle prolongation de l’expérimentation, sans explication claire de la part du gouvernement. Cette prolongation, bien que frustrante pour les patients et les professionnels de santé impliqués, n’a pas été la seule mauvaise nouvelle…
En effet, le fait que le cannabis thérapeutique ne figure pas dans le PLFSS 2024 signifiait que les patients inclus dans l’expérimentation devaient assumer le coût de leur traitement, car il n’était pas pris en charge par la Sécurité sociale. Cette situation a créé une inégalité d’accès, certains patients ne pouvant tout simplement pas se permettre de continuer leur traitement, malgré les bénéfices qu’ils en retiraient.
L’absence du cannabis médical dans le PLFSS pour 2025 aggrave cette situation. Non seulement les patients de l’expérimentation seront de nouveau confrontés à des difficultés financières pour se soigner, mais cette exclusion envoie également un signal inquiétant quant à l’avenir du cannabis thérapeutique en France (un de plus, pour être exacte).
L’avenir du cannabis médical en France, plus obscure que jamais…
La prolongation répétée de l’expérimentation sur le cannabis thérapeutique et l’absence de son inscription dans le PLFSS pour 2025 révèlent “un manque de volonté” (ou un trop-plein de mauvaise volonté…) d’aller de l’avant sur ce sujet.
Non seulement le gouvernement ne semble pas prêt à franchir le pas vers une légalisation du cannabis médical, mais en plus, cette situation affecte directement les patients qui dépendent de ce traitement. En l’absence de prise en charge par la Sécurité sociale, certains d’entre eux risquent de perdre l’accès à des soins essentiels pour soulager des douleurs chroniques ou traiter des pathologies graves.
Alors que des pays voisins comme l’Allemagne, l’Ukraine et la Suisse ont déjà intégré le cannabis thérapeutique dans leur cadre législatif, la France reste en retrait. Pourquoi ? C’est la grande question.
Les résultats de l’expérimentation, bien que limités en termes de nombre de participants, sont largement positifs. Les professionnels de santé et les associations de patients soulignent les bénéfices du traitement à base de cannabis pour soulager la douleur, réduire les symptômes de certaines maladies, et améliorer la qualité de vie de nombreuses personnes. À cela s’ajoutent de plus en plus de données scientifiques…
Alors, pourquoi ?
Pourquoi, petit pays, toi qui a vu naître Ambroise Paré, Claude Bernard, Louis Pasteur, Marie Curie (et tant d’autres), pourquoi fomentes-tu l’obstencurisme de cette manière-là ?
