Quand le HHC, nouvelle alternative au THC, met en danger le statut légal des fleurs de CBD
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Fin 2022, la EMCDDA (European Monitoring Centre of Drugs an Drug Addiction) a organisé la première “réunion technique d’experts” concernant l’hexahydrocannabinol, plus connu sous le nom de HHC.
Cette nouvelle substance, censée provoquer des effets similaires à ceux du THC, a envahi l’Europe en l’espace de quelques mois avec des produits au HHC, dont des gummies, des e-liquides et même du cannabis brut, vendus librement et faciles d’accès sur internet ou dans des boutiques avec pignon sur rue.
Alors que le HHC et la taille du marché dont il est question ne sont que très peu compris, selon la EMCDDA, cette croissance rapide et fulgurante, conjointement à celle d’autres substances de ce genre, “pourrait marquer le premier changement majeur sur les marchés des substituts légaux au cannabis récréatif depuis l’apparition du Spice il y a une quinzaine d’années”.
Contrairement à son homologue purement synthétique, le HHC est, toutefois, semi-synthétique et peut facilement être fabriqué à partir de CBD ou de chanvre. De ce fait, l’éventuelle régulation du HHC pourrait avoir un impact significatif sur le contrôle des produits au CBD et sur le chanvre en Europe.
Qu'est-ce que le HHC ?
Le HHC est un cannabinoïde naturellement synthétisé dans le chanvre en très faibles quantités que l’on peut également “semi-synthétiser” en modifiant chimiquement une molécule de THC, de CBD ou un terpène.
Très peu d’études scientifiques ont été menées sur les effets du HHC ou sur son innocuité, toutefois quelques preuves anecdotiques rapportent qu’il provoque des effets plus softs, mais similaires, au high provoqué par le THC.
De la même manière, très peu d’études de marché ont été effectuées, mais selon la EMCDDA, le HHC, considéré comme une “nouvelle molécule psychoactive” est surveillée par l’EU Early Warning System depuis le 21 octobre 2022.
Pour résumer cette récente réunion, qui s’est tenue entre des experts et les forces de l’ordre de toute l’UE pour échanger des informations sur le HHC, la EMCDDA déclare : “Au 15 décembre 2022, en une courte période de temps le HHC a été identifié dans au moins 13 pays membres.
Par ailleurs, selon des rapports informels communiqués par les États membres et selon les résultats récoltés de la surveillance internet, l’accès et la consommation du HHC pourraient être bien plus importants que ce que suggèrent les données rapportées par la EMCDDA”.
Pour avoir une petite idée de la taille potentielle du marché du HHC, il suffit de prendre l’exemple du Delta-8, une molécule dérivée du chanvre similaire aux effets analogues à ceux du THC, devenue la principale alternative légale au THC conjointement au HHC.
Selon un rapport récent publié par Brightfield Group, aux États-Unis, 35% des consommateurs de CBD ont commandé des substances psychoactives dérivées du chanvre au cours des 6 derniers mois pour des ventes estimées à plus de 2 milliards de dollars au cours des deux dernières années.
La EMCDDA pense qu’il pourrait y avoir “une forte demande en Europe” provenant “à la fois de consommateurs de cannabis et à la fois de nouveaux consommateurs attirés par ce type d’effets et le statut légal de la substance”.
Selon Brightfield Group, aux États-Unis où le cannabis est légal, près d’un quart des consommateurs se disent intéressés par le Delta-8, en partie pour son prix favorable en comparaison des produits à base de THC.
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Quel est l'impact du HHC ?
L’un des sujets clés de la réunion initiale de l’EMCDDA était le Farm Bill américain de 2018 au cours duquel la teneur du chanvre a été limitée à 0,3% de THC et des moyens de freiner l’essor de ces nouveaux produits semi-synthétiques à travers le pays ont été discutés.
Le responsable de la conformité et des affaires réglementaires de Cannavigia, Luis Soares, a déclaré qu’il pensait que HHC était « l’un des plus gros problèmes de l’industrie et est un exemple de plus que l’industrie elle-même est son pire ennemi ».
Comme le souligne l’EMCDDA : « Contrairement aux agonistes des récepteurs cannabinoïdes synthétiques présents dans les produits de type Spice, le HHC peut être fabriqué à partir de cannabidiol extrait de cannabis à faible teneur en THC. »
Cela met les progrès réalisés dans des pays comme la France, qui a récemment annulé une loi visant à interdire la vente de chanvre et de fleurs de CBD, sous la menace d’être refoulés par les régulateurs.
« Cela ne fait que donner des raisons aux régulateurs mondiaux ou européens de dire que la culture du chanvre ne devrait pas inclure l’utilisation de fleurs.”
« Il y a eu beaucoup d’efforts récemment pour permettre l’utilisation de la fleur de chanvre pour son CBD parce que ni l’un ni l’autre n’a des effets narcotiques – il n’y a donc aucune raison de le contrôler. Mais l’argument, si nous nous mettons à la place des régulateurs, est qu’il est si facile de convertir le CBD en quelque chose qui pourrait être psychoactif.
Il a ajouté qu’il est « très facile chimiquement de convertir l’un en l’autre », en le comparant à « l’épidémie de pseudoéphédrine », ou Sudafed, un médicament contre le rhume en vente libre couramment utilisé pour produire de la méthamphétamine.
Selon un certain nombre d’études, le CBD peut être converti en HHC et en d’autres composés psychoactifs en utilisant de l’acide. Dans l’étude de 2007 de Watanabe, K., il a été découvert que le CBD était converti en HHC dans le suc gastrique artificiel.
Un certain nombre d’articles et même des tutoriels YouTube sont également facilement disponibles, donnant aux futurs chimistes des guides sur la façon de produire du HHC et du Delta-8 à la maison.
Soares a poursuivi : « Je pense que cela déclenchera une réaction violente, où les autorités pourront dire “Vous voyez, je vous avais dit qu’il y avait des raisons d’interdire l’utilisation de la fleur de CBD.”
Alors que des progrès ont commencé aux États-Unis pour réglementer ces nouveaux composés semi-synthétiques, décrits comme le « l’alcool fait-maison de la sphère du cannabis » par un sénateur, aucune mesure de ce type n’est encore en cours de ce côté-ci de l’Atlantique.
Malgré cela, M. Soares pense que le HHC sera « très sûrement » ajouté à la liste des substances interdites de l’UE au cours des prochains mois.
Alors que l’EMCDDA ne peut pas faire de commentaires au sujet de la future réglementation potentielle du HHC, le centre européen de régulation des drogues déclare cependant que « le marché du HHC, en développement rapide, serait surveillé de très près afin de préparer une réponse adéquate aux niveaux national et européen ».
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