Grâce à la loi CanG, entrée en vigueur le 1er avril 2024, le cannabis n’est plus considéré comme un stupéfiant en Allemagne. Ce qui est déjà un grand pas ! Toutefois, comme nous l’avions rapporté, l’application de cette nouvelle réforme restait incomplète, puisque que l’accès au cannabis récréatif, prévue par le pilier 2 de la loi, restait interdit.
La situation semble à présent se débloquer, puisque Francfort et Hanovre, ont été sélectionnées pour mener un projet pilote de vente légale de cannabis destiné aux adultes.
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Le but des projets pilote dans le processus de légalisation du cannabis
Les projets pilotes de légalisation du cannabis visent à tester et évaluer les effets de la vente contrôlée de cannabis dans un cadre restreint avant d’envisager une légalisation à plus grande échelle.
En observant des données réelles issues de groupes de consommateurs sélectionnés, ces initiatives permettent aux gouvernements de mesurer l’impact de la légalisation sur la santé publique, la criminalité, et l’économie.
Grâce à un suivi rigoureux, les projets pilotes offrent une base concrète pour adapter la législation et établir des normes de sécurité, tout en réduisant les risques associés à une transition rapide vers un marché légal du cannabis.
Cette stratégie est utilisée de manière pratiquement systématique lorsqu’il s’agit de légalisation du cannabis. Ce que ce soit à des fins médicinales (comme en France, actuellement) ou à des fins récréatives (comme en Suisse).
Cannabis récréatif pour adultes : les projets pilotes à Hanovre et Francfort
À Hanovre, le projet sera coordonné sous la supervision du maire écologiste Belit Onay, qui défend une approche pragmatique et tournée vers la santé publique. Le maire a annoncé la création de trois points de vente autorisés dans la ville, qui desserviront un total de 4 000 résidents inscrits pour participer au projet.
Ces participants recevront une carte de consommateur pseudonymisée, assurant la protection de leur identité tout en permettant un suivi précis de leurs achats.
L’Université de Médecine d’Hanovre joue un rôle crucial dans ce projet. Elle est chargée de recueillir et d’analyser les données sur l’impact de la consommation légale de cannabis sur la santé. En effet, les participants seront soumis à des examens de santé réguliers et certains groupes, tels que les femmes enceintes et les personnes souffrant de troubles mentaux, seront exclus afin de préserver leur bien-être.
Ce suivi permettra d’observer les effets du cannabis sur la population, dans un cadre médical et scientifique rigoureux.
Francfort, l’autre ville pilote, s’apprête également à mettre en place une infrastructure de vente contrôlée pour le cannabis. Le projet de Francfort bénéficie du soutien de nombreux acteurs municipaux, déterminés à explorer les implications sociales et économiques de cette légalisation.
À travers des partenariats avec des institutions de recherche et des experts de santé publique, Francfort entend contribuer de manière significative aux données collectées, dans l’optique d’éclairer les futures législations allemandes sur le cannabis.
Pourquoi l’Allemagne s’oriente vers une légalisation du cannabis récréatif ?
L’Allemagne n’a bien évidemment pas pris la décision de légaliser le cannabis à la légère.
Le projet pilote d’Hanovre et Francfort repose sur des objectifs clairs de santé publique, visant à minimiser les risques associés au cannabis tout en réduisant le recours au marché noir. En effet, selon les autorités locales, certaines études indiquent que jusqu’à 70 % des échantillons de cannabis issus du marché noir contiennent des impuretés nocives.
L’idée est de démontrer que la légalisation peut coexister avec une politique de santé publique rigoureuse, en assurant que les consommateurs ont accès à des produits de qualité et sont informés des risques potentiels.
Quels enjeux pour l’Allemagne et l’Europe ?
Le succès de ce projet pourrait avoir des répercussions bien au-delà des frontières allemandes. Si Francfort et Hanovre démontrent que la vente de cannabis régulée peut profiter à la société, d’autres pays européens pourraient être tentés d’adopter des politiques similaires.
Cependant, cette initiative soulève également des défis. Certains craignent que la légalisation, même partielle, entraîne une banalisation de la consommation de cannabis, en particulier chez les jeunes. D’autres redoutent que le marché noir ne s’adapte rapidement à cette nouvelle donne, en proposant des produits plus attractifs ou moins chers que ceux proposés dans les points de vente légaux.
Affaire à suivre… Et, comme toujours, l’équipe Le Guide vous tiendra au courant !