Jusqu’à présent, les patients allemands qui souhaitent se soigner avec du cannabis médical doivent se tourner vers des spécialistes agréés, déjà familiers avec ce type de traitement. En plus de cette contrainte, pour être remboursés par leur assurance maladie, le médecin doit obligatoirement obtenir l’approbation préalable de la compagnie d’assurance.
Ce processus, parfois long et compliqué, rend l’accès au cannabis médical difficile pour de nombreux patients.
Une nouvelle réforme pourrait changer la donne… Bien que certains experts restent sceptiques.
Réforme du système de santé allemand : de nouveaux spécialistes habilités et un cannabis médical remboursé
La récente réforme en Allemagne marque une avancée significative dans la démocratisation de l’accès au cannabis médical. Désormais, 16 nouveaux titres de spécialistes sont considérés comme aptes à prescrire du cannabis médical, élargissant ainsi le nombre de praticiens capables d’évaluer cette option thérapeutique.
Cela permettrait à environ 70 % des médecins allemands en exercice de prescrire du cannabis médical sans l’accord préalable des compagnies d’assurance maladie, qui serait remboursé aux patients.
Par ailleurs, l’assurance maladie obligatoire — qui concerne plus de 90 % de la population — prendra désormais en charge les coûts du traitement sans nécessité d’une approbation préalable. Cette mesure semble, à première vue, une avancée majeure pour les patients, facilitant l’accès au traitement.
Cette réforme semble bénéfique, toutefois, un bémol subsiste…
La frilosité des médecins face à la prescription du cannabis médical
Malgré ces changements, les médecins allemands pourraient hésiter à prescrire du cannabis médical, notamment en raison de la possibilité pour les compagnies d’assurance maladie de faire un “recours”.
En d’autres termes, les médecins pourraient être tenus responsables financièrement si l’assurance estime que la prescription n’était pas justifiée, les obligeant ainsi à rembourser le coût du traitement. Il est important de noter que ce droit de recours n’est pas spécifique au cannabis médical ; il s’applique à tous les traitements couverts par l’assurance maladie obligatoire.

Cependant, les préjugés encore associés au cannabis, combinés à la méfiance habituelle des assurances face à de nouveaux traitements, laissent penser que les médecins pourraient être particulièrement réticents à prescrire du cannabis.
En effet, selon Niklas Kouparanis, PDG et cofondateur de Bloomwell : « Les médecins peuvent désormais prescrire du cannabis, et les compagnies d’assurance maladie sont obligées de le prendre en charge. Mais il y a un hic : les médecins peuvent être tenus financièrement responsables par les compagnies d’assurance après avoir prescrit du cannabis médical. Cela crée un risque important pour les médecins, ce qui fait que beaucoup d’entre eux hésitent à le prescrire. »
Concrètement, comme l’explique Carsten Schütz, Market Access Manager du groupe Grünhorn, fort de 30 ans d’expérience dans le secteur pharmaceutique : “Cela signifie que les conditions suivantes doivent être remplies : la maladie doit être grave, il ne doit pas y avoir d’alternative au traitement par des médicaments à base de cannabis (ou les alternatives ne doivent pas être applicables dans le cas spécifique sur la base de l’évaluation justifiée du médecin) et il doit y avoir une attente d’un impact positif notable sur l’évolution de la maladie ou sur les symptômes graves.”
« Si ces conditions sont remplies lors de la prescription de cannabis, alors le médecin ne doit pas craindre un recours. »
Alors cette réforme, elle est bénéfique ou pas ?
En somme, cette réforme semble prometteuse pour le marché du cannabis médical et pour les patients en Allemagne.
Néanmoins, il est encore trop tôt pour déterminer si ces changements faciliteront réellement l’accès au traitement dans la pratique quotidienne. Le véritable test sera de voir comment médecins et assurances vont s’adapter à cette nouvelle réalité, et si les patients pourront enfin bénéficier d’un accès plus large et moins contraignant au cannabis médical.