La ville de Barcelone, autrefois considérée comme une oasis pour les amateurs de cannabis en Europe, est désormais au cœur d’une campagne intense visant à fermer les clubs de cannabis.
Cette initiative a pris une ampleur considérable avec l’ordre récent de fermeture de 30 clubs dans la ville, marquant le début d’une offensive qui pourrait mener à la fermeture de tous les clubs de cannabis de la capitale catalane. En tout, plus de 200 associations sont concernés.
Rappel au sujet du cadre légal du cannabis en Espagne
Le cannabis récréatif n’est pas officiellement légal en Espagne, mais il est dépénalisé sous certaines conditions. Il est en effet possible de le cultiver et de consommer dans un cadre privé, à condition que ce soit pour un usage personnel et que cela reste discret.
La possession et la consommation en public restent illégales et peuvent entraîner des amendes. La vente de cannabis est strictement interdite et punie par la loi.
En ce qui concerne le cannabis médical, son usage est légal depuis 2022 dans des cas spécifiques, notamment pour certaines formes d’épilepsie et de sclérose en plaques. Cependant, l’accès à ces traitements est encore limité, et les produits à base de cannabis ne sont disponibles que dans les pharmacies hospitalières.
Enfin, une particularité espagnole est l’existence de Cannabis social clubs, où les membres peuvent consommer du cannabis en toute légalité, à condition que l’usage soit privé et que le club fonctionne sans but lucratif. C’est d’ailleurs ce modèle qui a inspiré le gouvernement allemand.
Fermeture des cannabis clubs de barcelonais : que s’est-il passé ?
Les clubs de cannabis barcelonais prospéraient depuis plusieurs dizaines d’années. Selon une étude de 2019, publiée dans Journal of Drugs Issues, plus de 80 % des membres de ces clubs affirment être mieux informés, et le nombre d’amendes pour possession de marijuana sur la voie public a diminué de 20 %.
Tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes… Jusqu’à ce que le Tribunal Suprême espagnol décide d’annuler la réglementation municipale encadrant les activités des clubs de cannabis à Barcelone.
C’était en 2021, il y a trois ans.
La majorité des associations ont continué à fonctionner “normalement”, bien que certaines aient tout de même pris la précaution de suspendre la vente et la consommation de cannabis en leur sein.
30 clubs de cannabis fermés, et près de 200 dans le collimateur des autorités barcelonaises
Depuis la fin de l’année 2023, la municipalité de Barcelone a intensifié ses efforts pour contrôler les activités des clubs de cannabis. Très concrètement, les membres sont interrogés au sujet des activités réalisées dans les associations.
Cette campagne d’inspections aurait révélé diverses irrégularités telles que la consommation et la vente de cannabis, mais aussi la participation de personnes non citoyennes de Barcelone.
Bref, les 30 clubs concernés ont 10 jours pour contester la décision. Décision qui, au-delà de son caractère répressif, est injuste, voire illégale, dans certains cas.
Une association sommée à la fermeture revendique, par exemple, qu’il n’y avait aucune trace de cannabis dans ses locaux, qu’il n’y avait que des restes de joints roulés avec des fleurs de CBD. Le président de l’association, indigné, indique qu’il paye plus de 240 000 euros d’impôts à la ville et donne du travail à plus de 20 personnes…
Quel est l’avenir des associations de cannabis à BCN ?
Les fermetures ordonnées ont provoqué une onde de choc parmi les acteurs du secteur.
Les membres des clubs de cannabis, ainsi que les défenseurs des droits des consommateurs, ont exprimé leur indignation face à ces mesures, les qualifiant d’attaques injustes contre une forme de consommation de cannabis qui est à la fois encadrée et sécurisée.
Malgré cela, il faut savoir que la question des cannabis clubs divise profondément les Catalans.
En effet, selon une étude réalisée par le Centro de Investigaciones Sociologicas, 50 % des Barcelonais sont en faveur du maintien de ces clubs. Côté législateurs, selon le journal El Diario, l’annulation du décret de 2016 a été très majoritairement soutenue.
Par ailleurs, Albert Batlle (actuellement conseiller municipal de Barcelone) à affirmer son intention de “tous les fermer” de manière “légale et rigoureuse, sans flous juridiques”.
Drapeau en berne pour les cannabis clubs barcelonais…
