Alors que Trump se range du côté des défenseurs du cannabis, le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, a récemment annoncé une série de réformes d’urgence visant à réguler l’industrie — florissante — du cannabis. Parmi les mesures prévues, l’interdiction des produits dérivés du chanvre contenant des traces détectables de THC dans tout l’État.
Dit autrement, le THC sera soumis à la tolérance zéro. 😮
La Californie est considérée une référence en matière de la légalisation du cannabis aux États-Unis, et même dans le monde… Cette nouvelle réforme marque donc un tournant décisif, susceptible de déclencher une vague de réformes strictes, à l’intérieur, comme à l’extérieur des frontières du pays.
Les mesures clés de la réforme annoncée par Newsom
Lors de la conférence de presse, Newsom a dévoilé quatre mesures essentielles qui vont structurer cette réforme.
👉 Interdiction des produits avec des traces détectables de THC : La première mesure impose une interdiction totale de la vente de produits contenant même des traces minimes de THC.
👉 Régulation de la teneur en THC par portion : Cette mesure limite la quantité de THC par portion dans les produits dérivés du chanvre, garantissant ainsi une teneur maximale strictement régulée.
👉 Ajout de 30 cannabinoïdes à la liste des substances prohibées : Le gouverneur a également annoncé l’ajout de 30 nouveaux cannabinoïdes à la liste des substances prohibées, incluant déjà le THC.
👉 Interdiction des produits dérivés du chanvre pour les moins de 21 ans : Enfin, la réforme interdit la vente de ces produits aux personnes de moins de 21 ans, renforçant les mesures de protection des jeunes consommateurs.
Tolérance zéro pour le THC : pourquoi une réforme si stricte ?
Bien que la Californie soit le berceau de la légalisation du cannabis (le cannabis médicinal a été légalisé en 1996 !), cette nouvelle réforme a pour objectif principal de protéger les enfants contre des produits potentiellement dangereux.
Newsom a exprimé son inquiétude face à la prolifération de produits non réglementés contenant des cannabinoïdes dérivés du chanvre, largement disponibles dans les supermarchés, les stations-service et les supérettes.
Il déplore que des articles tels que des eaux pétillantes infusées de THC dérivé du chanvre puissent être trouvés aux côtés de produits plus inoffensifs comme La Croix, une marque d’eau gazeuse très populaire aux États-Unis.
« C’est une honte et une honte », a déclaré Newsom, soulignant que l’industrie aurait dû mieux se réguler. Il a ajouté que l’État n’allait pas rester inactif tandis que « les trafiquants de drogue ciblent nos enfants avec des produits à base de chanvre dangereux et non réglementés contenant du THC dans nos magasins de détail ». Le gouverneur a réaffirmé l’importance de combler les lacunes dans la législation pour protéger les jeunes et assurer une consommation plus sûre.
Qu’en pensent les principaux acteurs de l’industrie du cannabis ?
Cette réforme a reçu le soutien de plusieurs acteurs importants, notamment le Département de la santé publique de Californie (CDPH) et le Département de contrôle du cannabis (DCC). La California Cannabis Industry Association, qui représente principalement les entreprises de marijuana, s’est également ralliée à cette initiative.
Tomás Aragón, directeur du CDPH, a exprimé son soutien en soulignant que les produits intoxicants dérivés du chanvre « peuvent provoquer des maladies et des blessures aux consommateurs californiens ».
Cependant, vous-vous en doutez bien, cette proposition n’a pas fait l’unanimité.

Dale Gieringer, directeur de la California NORML (organisation à but non lucratif dont la mission principale est de réformer les lois sur le cannabis aux États-Unis), a exprimé son inquiétude quant à l’impact de cette réglementation pour les utilisateurs médicaux.
Il a estimé que les nouvelles règles sont trop restrictives et pourraient rendre illégaux même les produits à base de chanvre non enivrants. Cela pourrait notamment nuire aux patients qui dépendent des extraits de CBD à forte teneur pour traiter des maladies graves.
Gieringer a souligné qu’il est presque impossible d’éliminer complètement les traces de THC des produits à base de chanvre naturel, rappelant que même Epidiolex, un médicament à base de CBD approuvé par la FDA, contient des traces détectables de THC.
Les entrepreneurs du chanvre partagent également ces préoccupations. Adam Terry, cofondateur et PDG de Cantrip, une société de boissons infusées au THC, a critiqué la proposition de Newsom, affirmant qu’elle mettrait fin à la vente de presque tous les produits à base de chanvre dans l’État, ce qui ne ferait qu’encourager le marché noir à continuer leurs activités en dehors de la légalité.
Perspectives pour le secteur du cannabis en Californie
Jonathan Miller, conseiller juridique du groupe US Hemp Roundtable, a été encore plus sévère dans ses critiques, qualifiant le plan de Newsom de « trahison des producteurs de chanvre californiens, des petites entreprises et des consommateurs adultes ».
Selon lui, la proposition vise à interdire jusqu’à 95 % des produits à base de chanvre populaires, y compris ceux à base de CBD non-intoxicants, ce qui pourrait porter un coup fatal à l’industrie.
Malgré ces critiques, Newsom a insisté sur le fait que l’objectif n’est pas de détruire l’industrie du chanvre, mais de la réguler de manière plus stricte.
Il a affirmé que la légalisation du chanvre n’avait jamais eu pour but de permettre la vente de produits intoxicants, mais que certains acteurs avaient exploité des failles dans la législation. Ces nouvelles mesures d’urgence visent donc à combler ces lacunes pour protéger les consommateurs, en particulier les jeunes, tout en maintenant une industrie du chanvre réglementée et sûre.
… Affaire à suivre !