Le débat autour des effets à long terme de la consommation de cannabis, en particulier à des fins médicales, a toujours suscité des interrogations. Une nouvelle étude publiée par l’American Medical Association (AMA) apporte des réponses rassurantes sur ce sujet.
Contrairement à certaines idées reçues, la consommation régulière de cannabis médical n’a pas de conséquences substantielles sur les fonctions cognitives.
Effets du cannabis sur le cerveau à long terme : étude de suivi sur 12 mois
L’étude, menée auprès de patients récemment autorisés à consommer du cannabis pour des raisons médicales, a suivi 57 participants de la région de Boston sur une période de 12 mois.
Ces patients, souffrant principalement de douleurs chroniques, d’anxiété, de dépression ou de troubles du sommeil, ont consommé du cannabis dans un cadre thérapeutique pour soulager leurs symptômes. Les chercheurs ont voulu déterminer si, après un an de consommation régulière, il y aurait un déclin notable dans les capacités cognitives des participants.
Pour obtenir des données précises, l’équipe de chercheurs a utilisé l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) afin de surveiller l’activité cérébrale des participants pendant qu’ils réalisaient différentes tâches cognitives.
Parmi ces tâches, trois domaines ont été particulièrement observés : la mémoire de travail, le traitement de la récompense et le contrôle inhibiteur. Ces fonctions cérébrales sont essentielles pour la gestion des actions quotidiennes et la prise de décisions.
Des résultats rassurants pour les utilisateurs de cannabis médical
Après un an de consommation régulière, les résultats sont étonnamment clairs : il n’y avait pas de différence statistiquement significative dans l’activation cérébrale entre les scans de départ (réalisés avant la consommation de cannabis) et les scans réalisés un an plus tard.
Ce constat est essentiel pour de nombreux patients qui s’inquiètent des effets à long terme du cannabis sur leur cerveau.
Les chercheurs ont rapporté que les performances des participants lors des tâches de mémoire de travail, de récompense et de contrôle inhibiteur n’ont pas changé de manière significative au fil du temps. De plus, ces performances n’étaient pas corrélées à une variation de la fréquence de consommation de cannabis.
Autrement dit, que les participants aient consommé du cannabis plus ou moins fréquemment durant cette période, les effets sur leurs capacités cognitives demeuraient stables.
Ces résultats sont particulièrement importants, car ils viennent dissiper certaines craintes exprimées par les utilisateurs de cannabis médical. Ces derniers sont souvent préoccupés par les impacts possibles sur leur mémoire ou leur capacité à fonctionner de manière optimale, surtout après une utilisation prolongée.
Cannabis médical et cannabis récréatif : il faut faire la différence…
L’un des points les plus intéressants de cette étude est la distinction faite entre la consommation médicale et la consommation récréative du cannabis.
En effet, selon les chercheurs, il a été prouvé dans diverses études que l’usage récréatif du cannabis peut altérer certaines fonctions cognitives, notamment en raison de doses plus élevées et d’une utilisation non encadrée.
Cependant, dans le cadre de cette étude, qui s’intéresse exclusivement aux patients consommant du cannabis à des fins médicales, les effets sur la cognition étaient minimes. En effet, une étude de 2022, citée par les chercheurs, avait déjà suggéré que le cannabis médical prescrit à des patients souffrant de maladies chroniques a un impact aigu minime sur leurs fonctions cognitives.
Cela a conduit les chercheurs à émettre l’hypothèse que la différence entre les effets du cannabis récréatif et ceux du cannabis médical pourrait résider dans le dosage, la fréquence de consommation et l’intention qui sous-tend cette utilisation.
Les consommateurs médicaux suivent souvent un protocole établi par leur médecin et consomment des doses contrôlées, tandis que les consommateurs récréatifs peuvent être moins stricts quant à la quantité et à la fréquence de consommation. Ce cadre plus régulé pour les utilisateurs médicaux pourrait expliquer pourquoi ils sont moins susceptibles de ressentir les mêmes effets cognitifs négatifs.
L’importance de la poursuite des recherches
Bien que les résultats de cette étude soient prometteurs, et que de plus en plus de données indiquent que le THC n’a pas d’effets nocifs sur le cerveau, les chercheurs ont souligné la nécessité de poursuivre les recherches, notamment pour évaluer l’impact de doses plus élevées de cannabis ou une consommation plus fréquente sur de plus longues périodes.
En particulier, ils appellent à des études portant sur les populations plus jeunes, dont le cerveau est encore en développement, pour mieux comprendre les conséquences potentielles du cannabis sur ce groupe d’âge. À ce sujet, une étude avait d’ailleurs révélé que de plus en plus de jeunes se tournent vers le cannabis médical pour traiter leur anxiété.
L’équipe de recherche, composée de membres de la Harvard Medical School, du McGovern Institute for Brain Research du MIT, et de la School of Engineering and Applied Science de l’Université de Pennsylvanie, estime qu’il est crucial de diversifier les échantillons étudiés.
En effet, l’étude actuelle s’est concentrée sur des adultes souffrant de maladies chroniques, et il est possible que les effets varient chez d’autres groupes de population.
Les chercheurs ont conclu en affirmant que les résultats de cette étude justifient des recherches supplémentaires qui devraient inclure des cohortes plus larges et plus diversifiées. Ces recherches futures devront examiner l’association du cannabis à des doses plus élevées et à une fréquence accrue, afin de déterminer si des effets cognitifs apparaissent dans ces contextes.
Ce que cela signifie pour l’avenir du cannabis médical
Les résultats de cette étude offrent un éclairage plus qu’important sur l’usage du cannabis médical et contribuent à déconstruire certains mythes (qui ont la peau très dure).
De plus en plus de patients à travers le monde se tournent vers le cannabis pour soulager leurs symptômes, et ces résultats rassurants pourraient encourager une utilisation plus large et plus acceptée du cannabis dans le domaine médical.
Alors que de nombreux pays continuent de débattre de la législation sur le cannabis (coucou la France), ce genre d’étude pourrait jouer un rôle clé en apaisant les inquiétudes liées aux effets sur le cerveau.