Quels néo-cannabinoïdes sont désormais interdits en France ?

Si vous aviez l’habitude d’acheter des fleurs enrichies en THCP ou des résines au HHCPO, alors vous le savez, ce genre de produit est dorénavant interdit en France. En effet, comme stipulé dans le rapport de l’ANSM rendu public fin mai, certains néo-cannabinoïdes (ou cannabinoïdes synthétiques) ont rejoint la liste des stupéfiants le 3 juin 2024.

Quelles molécules sont concernées ? Existe-t-il un moyen de s’en procurer ? Pourquoi les cannabinoïdes synthétiques sont-ils interdits ? Est-ce une particularité française, ou est-ce que cette mesure concerne également nos amis de l’UE ?

Tout, on vous dit absolument tout sur la décision de l’ANSM et ses conséquences.

Néo-cannabinoïde : qu’est-ce que c’est ? 🤔

Les néo-cannabinoïdes sont des molécules obtenues en laboratoire qui imitent les effets des cannabinoïdes que l’on trouve dans les fleurs de cannabis. Leurs effets sont similaires, cependant, ils sont généralement plus puissants. En termes d’intensité, mais aussi de durée d’action.

En effet, beaucoup de cannabinoïdes synthétiques ont vu le jour sous le couvert de la science, dans le cadre de la recherche pour une éventuelle application thérapeutique. D’autres, au contraire, ont été “bidouillés” dans des labos plus ou moins clandestins, en vue de développer des substances qui “pète ton crâne”. 🤯​

Disons-le franchement, il existe des tonnes et des tonnes de néo-cannabinoïdes différents. Et c’est d’ailleurs un peu dommage de tous les mettre dans le même panier !

En effet, certains sont 100 % synthétiques (Buddha Blue, K2, Spice, HHCPO), tandis que d’autres sont semi-synthétiques (HHC, THCP, THCV, H4CBD). Les premiers sont créés de toute pièce, alors que les seconds sont obtenus en modifiant la structure d’un cannabinoïde naturel.

Bon à savoir ! 


Certains cannabinoïdes sont considérés comme néo-cannabinoïdes malgré le fait qu’ils soient naturellement présents dans les fleurs de chanvre. Cela parce qu’ils sont synthétisés en trop faibles quantités pour être extraits et sont donc fabriqués en laboratoire. C’est le cas du THCP et du THCV).

Enfin, il faut savoir que les néo-cannabinoïdes ne sont pas systématiquement euphorisants ! En effet, certains sont légèrement hallucinogènes, d’autres pas du tout (H4CBD, H2CBD), tandis que quelques-uns sont très, très psychoactifs (K2, Spice, Buddha Blue)…

Si la prohibition de certains d’entre eux tombe sous le sens, d’autres, en revanche, sont un peu plus discutable…

Quels néo-cannabinoïdes sont concernés par l’interdiction de l’ANSM (2024) ? 🚫

Dans son rapport, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) prévoit l’interdiction des cannabinoïdes formés à partir d’un noyau chimique de type benzo[c]chromène. Cela concerne :  

👉​ Les dérivés du THCTHCP, THCPO, THCJD, THCB, THCH ; 

👉​ Le CBD hydrogéné : H4CBD et H2CBD ; 

👉​ Et enfin, toute la famille HHC : HHCO, HHCPO et HHCH. À noter que le HHC est le tout premier néo-cannabinoïde à avoir été interdit. Il a en effet rejoint la liste des substances prohibées en juin 2023… C’est d’ailleurs cette interdiction qui a marqué le début de l’apparition de nombreux autres néo-cannabinoïdes (en tout cas, en France). 

Le THCV, le CBNa et le THCVa et le THCa (formes acides du CBN, THCV et THC) étaient, à l’origine, présents sur la liste des cannabinoïdes prohibés. Cependant, étant naturellement présents dans la plante, ils ont été exclus du classement le lendemain de l’entrée en vigueur de la décision de l’ANSM. Exception faite du CBNa, leur teneur ne doit pas dépasser les 0,3 %, tout comme le THC. 

À noter que si la décision avait été maintenue telle quelle, de nombreux produits CBD seraient tombés dans l’illégalité. 

Précisons tout de même que ledit rapport se réfère aux cannabinoïdes prohibés par leur nom chimique… Il n’est donc pas évident de connaître avec exactitude de quelles molécules il est question. En effet, les noms commerciaux ne correspondent pas forcément aux noms chimiques. Par ailleurs, la composition de certaines drogues à base de cannabinoïdes synthétiques qui circulent dans les rues telles que le Spice ou le K2 sont incertaines, ou évolutives. `

Quoi qu’il en soit, si vous avez le moindre doute concernant la légalité d’un produit, nous vous conseillons de vous renseigner directement auprès de l’ANSM.

Pourquoi les cannabinoïdes synthétiques sont-ils interdits ? 🧪

La France est l’un des pays les plus strictes en matière de cannabinoïdes. 

Rappelons qu’il a fallu trois ans pour que le statut légal du CBD soit clarifié. On parle d’une molécule largement étudiée et considérée comme un trésor thérapeutique par bon nombre de médecins et scientifiques reconnus. En parallèle, le seuil maximal du THC — d’abord fixé à 0,2 % puis à 0,3 % –  est l’un de plus sévère de l’Union européenne. 

Sachant cela, comment voulez-vous que des molécules dont les effets sont proches de ceux provoqués par le THC et dont on ne sait pratiquement rien ne soient pas prohibées ? 

En outre, selon les données d’addictovigilence présentées par le Comité Psychotrope, la consommation de certains cannabinoïdes de synthèse serait dangereuse pour la santé. Pour paraphraser l’article que nous avons publié sur le sujet il y a quelques mois : 

 – La consommation de cannabinoïdes de synthèse entraine des complications, souvent plus sévères que lors de la consommation de cannabis (perte de connaissance, convulsions, complications cardiovasculaires, et paranoïa). Ces effets indésirables sont parfois réfractaires aux traitements classiques ;

  – Les jeunes (15-20 ans), et même les très jeunes (moins de 15 ans) sont les principaux consommateurs de ces nouvelles drogues. À ce sujet, selon l’Observatoire français, 4 % des mineurs de moins de 17 ans ont déjà consommé des cannabinoïdes synthétiques ;

  – Les cannabinoïdes synthétiques semblent entraîner une forte addiction, dès lors que leur usage est chronique. En effet, dans 40 % des cas, ils sont consommés au quotidien. Et même plusieurs fois par jour dans 23 % des cas ;

Ajoutons que, selon l’association nationale de prévention en alcoologie et addictologie, on recense déjà deux cas d’overdose mortelle en Europe. Et qu’une étude a déjà mis en lumière le risque accru de lésion pulmonaire et de cancer des poumons lié à la consommation des acétates de cannabinoïdes (HHCo, THCo, HHCPo, etc.).

neo cannabinoides guide du cbd

Quel est le statut légal des néo-cannabinoïdes ailleurs au sein de l’UE ? 🇪🇺

Il est toujours intéressant de regarder ce qui se passe chez les voisins. En tout cas, pour les acteurs de la filière du chanvre, dont nombreux ont, en partie, misés sur l’essor des cannabinoïdes synthétiques, le statut légal des néo-cannabinoïdes à l’extérieur peut signifier la fuite des capitaux. 

Comme à son habitude, la France s’érige en trouble-fête au milieu de ses compagnons. Quoi que, notez que la Suisse a déjà interdit les néo-cannabinoïdes il y a plusieurs mois déjà. 

En Espagne, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Portugal et en République Tchèque, les cannabinoïdes synthétiques et semi-synthétiques sont globalement autorisés. Les conditions de vente varient sensiblement selon la molécule et d’un pays à l’autre, mais dans l’ensemble, les fabricants sont soumis à des normes de sécurité très strictes

Autrement dit, les néo-cannabinoïdes sont autorisés dans la plupart des pays membres, mais ils sont très encadrés. D’ailleurs, il est possible que leur statut légal évolue dans le sens de la France et de la Suisse. 

En effet, l’EMCDDA (European Monitoring Centre for Drugs and Drug Addiction) surveille de très près ces molécules.

HHC, HHCPO, THCP, H4CBD … Peut-on quand même acheter ? 🛒

En France, depuis le 3 juin 2024 les néo- cannabinoïdes que nous avons mentionnés un peu plus tôt sont totalement interdits

Toutefois, étant donné qu’ils sont autorisés chez nos voisins, certains d’entre vous sont peut-être tentés d’en importer… Gros drapeau rouge 🚩​, car si votre commande est interceptée en douane, vous risquez : 

👉​ Une confiscation et des amendes : votre colis peut être confisqué et détruit.  Et par la même occasion, vous pourriez être passible d’une amende pour tentative d’importation de substances interdites.

👉​ Des poursuites pénales : La possession, l’achat ou l’importation de substances prohibées peut entraîner des poursuites pénales. La détention de cannabinoïdes synthétique peut mener à des sanctions similaires à celles associées aux autres drogues illégales, comprenant des peines de prison et des amendes importantes.

👉​ Un casier judiciaire : enfin, une condamnation pour possession ou importation de stupéfiants entraînerait un casier judiciaire, ce qui pourrait affecter divers aspects de votre vie personnelle et professionnelle.

Le jeu n’en vaut pas vraiment la chandelle, si ?

Interdiction des cannabinoïdes synthétiques : le mot du Guide ✍🏻

D’un côté, l’interdiction des cannabinoïdes synthétiques est très positive. En effet, la protection de la santé publique est un argument totalement valide. Dans la plupart des cas, il n’existe aucune étude concernant les effets à long terme, les effets secondaires et le mode d’action des néo-cannabinoïdes. Il n’est donc pas prudent d’autoriser ce genre de substance.

Faut-il cependant recourir à une interdiction totale ? Ne pourrait-on pas plutôt établir des normes de sécurité ? 

L’expérience le montre, une prohibition totale n’empêche pas la consommation d’une substance. Elle devient simplement illégale. 

Par ailleurs, en plus de créer un manque à gagner pour de nombreuses boutiques CBD, ce marché noir est beaucoup plus dangereux pour le consommateur. Dans la rue, ou via un site étranger, il n’y a, en effet, absolument aucun moyen de savoir ce que l’on est sur le point de fumer… Et lorsque l’on sait que des substances appelées “pète ton crâne” circulent chez les jeunes… Ça fait peur. 

Ajoutons à cela que, comme de coutume, le manque d’information et d’éducation est très préoccupant. Comme nous l’avons mentionné, tous les cannabinoïdes synthétiques sont mis dans le même sac… Et c’est bien dommage, car ils diffèrent les uns des autres à de nombreux égards !

Enfin, même si cette décision permet de recentrer le marché autour des cannabinoïdes naturels — chose que nous saluons 🙌​ — il ne faut pas perdre de vue que cela se traduit par des consommateurs qui vont tout simplement acheter à l’étranger… L’écart entre le marché français et le marché externe se creuse, et les revendeurs sont tentés de proposer des produits de moindre qualité pour “compenser” cette perte, et le consommateur perd confiance, et il achète ailleurs… Bref. 

Et vous, que pensez-vous de cette interdiction ? Laissez-nous votre avis dans les commentaires ! 👇​

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