Les cannabinoïdes : que sont-ils et que font-ils ?
Vous connaissez le CBD. Et sans doute le THC. Mais connaissez-vous les autres membres de la grande famille des cannabinoïdes ?
Venez, on vous les présente !
Table des matières
Cannabinoïdes : définition (ultra) complète
Techniquement, le terme “cannabinoïde” fait référence à toute molécule capable de se lier aux récepteurs cannabinoïdes du système endocannabinoïde. Oui, la redondance est intéressante… Ne vous en faites pas, on vous explique tout ça 🤓
Endocannabinoïdes et phytocannabinoïdes … C’est quoi la diff’ ?
Attention, moment culture G :
👉 “Endo” vient du grec “endon” qui signifie “en dedans” ;
👉 Et “phyto” vient du grec “phyton” qui veut dire “végétal”.
Et, donc la différence entre endocannabinoïde et phytocannabinoïde est simple : le premier est synthétisé par notre organisme, tandis que le second vient du cannabis. Cependant, dans le jargon, on a l’habitude d’utiliser le terme de cannabinoïde pour parler des phytocannabinoïdes comme le CBD, le THC, etc.
À l’occasion de cet article, nous allons nous concentrer sur les phytocannabinoïdes. Toutefois, juste pour info, à ce jour, on connaît deux endocannabinoïdes : l’AG-2 et l’anandamide. Ils sont impliqués dans de nombreux processus physiologiques tels que la libération des neurotransmetteurs, la perception de la douleur et les fonctions cardiovasculaires, gastro-intestinales et hépatiques.
Comment sont-ils synthétisés ?
Le THC, le CBD, et pratiquement tous les cannabinoïdes, sont synthétisés à partir du cannabigerol (CBG), lequel est considéré comme le cannabinoïde mère.
En réalité, pour être exact, il faudrait préciser que les cannabinoïdes sont synthétisés uniquement sous leur forme acide. En effet, le CBGa (forme acide du CBG, donc) permet d’obtenir, après plusieurs processus chimiques complexes, du THCa et du CBDa. Cela signifie que la fleur de cannabis “fraîche” contient du THCa et du CBDa, non pas du THC et du CBD.
En effet, le THC et le CBD sont obtenus via la “décarboxylation”. Un processus en partie réalisé de manière spontanée et naturelle après la floraison via l’exposition au soleil et à l’air, en partie par la main de l’humain lors de l’étape de séchage (ou curing) et en partie pendant la combustion (ou chauffe, si l’on vapote) lorsque la fleur est consommée.
Rassurez-vous, nous ne rentrerons pas dans plus de détails fastidieux. Sachez simplement que les cannabinoïdes sont synthétisés pendant la floraison, et qu’ils se trouvent dans les trichomes glandulaires de la plante.
Les trichomes, ce sont les petites gouttelettes transparentes et gluantes qui recouvrent la fleur. On y trouve également les terpènes, qui sont les substances odorantes et gustatives du règne végétal.
Action sur l’organisme : le système endocannabinoïde
Un peu plus tôt, nous disions que les cannabinoïdes (phyto et endo) sont des molécules qui se lient aux récepteurs du système endocannabinoïde… Mais alors, qu’est donc le système endocannabinoïde ?
Pour faire simple, le système endocannabinoïde désigne un ensemble de récepteurs (appelés CB1 et CB2) répartis dans le corps qui réagissent à la fois avec les endocannabinoïdes (AG-2 et anandamide) et à la fois avec les phytocannabinoïdes (CBD, THC, etc.).
Ces récepteurs modulent de nombreux processus physiologiques tels que la température du corps, la synthèse de certaines hormones, la réponse inflammatoire, etc. C’est pour cette raison que la recherche planche sur des traitements à base de cannabinoïdes, parce qu’ils réagissent avec notre système endocannabinoïde et qu’ils pourraient nous aider à rétablir un état d’équilibre synonyme de bonne santé.
Un p’tit mot au sujet de l’effet d’entourage
Dans les prochains paragraphes, nous parlerons des potentielles propriétés thérapeutiques de chaque cannabinoïde.
S’il est vrai que chaque molécule agit à sa manière avec notre système endocannabinoïde, il est intéressant de savoir que selon certains scientifiques (le Dr Ethan Russo en l’occurrence), les cannabinoïdes fonctionnent en synergie, et non de manière séparée.
Et la théorie va même plus loin en disant que cette synergie concerne également les terpènes contenus dans le cannabis, qui sont les substances odorantes et gustatives de la plante. Cette théorie s’appelle “l’effet d’entourage”.
Les cannabinoïdes majeurs
Jusqu’à maintenant, plus de 70 phytocannabinoïdes ont été identifiés… Et non, on ne vous les présentera pas tous ! Nous allons nous concentrer sur ceux que l’on peut se procurer dans le commerce.
Le tétrahydrocannabinol (THC)
Principale molécule active du cannabis, il est présent à moins de 0,3% dans le chanvre industriel (en France), ou en quantité industrielle (plus de 30%) dans certaines variétés dites “récréatives” (interdites dans la plupart des pays).
Bien qu’il soit targué de “drogue de hippie”, le THC a pourtant un bel avenir devant lui dans la sphère médicale. Il entre en effet dans la composition de deux médicaments.
👉 Le Dronabinol (ou Marinol) prescrit dans certains pays (pas en France) aux personnes atteintes de SIDA et à celles qui suivent une chimiothérapie pour stimuler l’appétit ainsi que pour diminuer les nausées et les vomissements ;
👉 Et le Sativex, utilisé pour diminuer l’intensité des douleurs et réduire la spasticité provoquées par la sclérose en plaques.
- Découvert en 1964
- Prohibé en 1971 par l’ONU
- Interdit en France depuis 1970
- Psychoactif Anti
- inflammatoire Antalgique
Le cannabidiol (CBD)
Le CBD est devenu célèbre avec le cas de Charlotte Figi, une petite fille atteinte d’épilepsie dont la condition a grandement été améliorée grâce à la prise d’une huile de chanvre dosée en cannabidiol. En effet, elle est passée de plusieurs dizaines de crises par jour à quelques-unes par mois !
L’Epidiolex, prescrit dans certains cas d’épilepsie pharmacorésistante, n’est d’ailleurs ni plus ni moins qu’une huile de CBD. On retrouve également le CBD dans la composition du Sativex pour ses propriétés anti-inflammatoires, et pour contrebalancer les effets du THC contenu dans le médicament.
Totalement légal en France et dans le reste du monde, le CBD n’a aucun effet psychotrope… Il est même anti-psychotrope, puisqu’il inhibe les effets hallucinogènes du THC. Le CBD aurait par ailleurs des propriétés relaxantes, faisant de lui un excellent allié pour combattre le stress et l’anxiété.
- Découvert en 1964
- Légal
- Déclaré sûr pour la santé par l’ONU en 2020
- Anti-psychotrope
- Antiépileptique
- Antalgique
- Antiinflammatoire
- Anxiolytique
Le cannabigerol (CBG)
Comme nous le disions un peu plus tôt, le cannabigerol est le précurseur de la majorité des cannabinoïdes. Mais ce n’est pas tout.
En effet, de par son action sur notre système endocannabinoïde, le CBG abrite potentiellement de nombreuses propriétés thérapeutiques. Il pourrait notamment être utile pour soigner certaines maladies neurodégénératives telles que l’Alzheimer. Certaines recherches étudient également son potentiel pouvoir anti-inflammatoire (notamment au niveau de l’appareil digestif) ainsi que son utilité en cas de pression oculaire (glaucome).
Les produits qui contiennent du CBG que l’on peut se procurer dans le commerce vantent généralement ses effets anti inflammatoires. Cependant, il faut garder à l’esprit qu’il existe très peu de données scientifiques à ce sujet.
- Découvert dans les années 60
- Légal
- Cannabinoïde souche (CBGa)
- Non-psychotrope
- Possiblement anti inflammatoire
- Et neuroprotecteur
Le cannabinol (CBN)
Le cannabinol est un cannabinoïde très particulier, car il n’est pas isasu du CBG comme la majorité de ses homologues. Il résulte en effet de la dégradation du THC par oxydation. D’ailleurs, THC = tétrahydrocannabinol.
Ainsi, à l’état naturel, on trouve du cannabinol dans les fleurs qui ont subi un séchage inapproprié (en plein soleil), ou qui ont été oubliées pendant un certain temps dans un fond de tiroir…
Du fait de son lien de parenté avec le THC, le CBN est légèrement psychoactif (10 fois moins que le THC) et certaines études lui confèrent un puissant pouvoir sédatif. D’ailleurs, le CBN est souvent présenté comme un somnifère naturel.
Cependant, il est intéressant de noter que selon certaines autres études, le CBN n’est sédatif que s’il est en présence de THC. Ces observations confirment la théorie de l’effet d’entourage selon laquelle les cannabinoïdes fonctionnent en synergie.
- Découvert dans les années 60
- Légèrement psychoactif
- Légal
- Potentiellement sédatif
Le cannabichromene (CBC)
Comme ses compères, le CBG et le CBN, le CBC fait malheureusement l’objet de très peu d’études. On ne sait donc pas grand-chose à son sujet pour l’instant, si ce n’est qu’il agit de manière indirecte sur le système endocannabinoïde (SEC).
En effet, à l’instar du CBD, le CBC n’a que très peu d’affinité avec les récepteurs CB1 et CBD du SEC. Il agirait plutôt sur les récepteurs de type TRPV, lesquels sont liés aux processus de la douleur. C’est la raison pour laquelle le CBC serait potentiellement un excellent anti-douleur.
- Découvert en 1966
- Légal
- Non psychotrope
- Potentiellement anti-douleur
Quelques cannabinoïdes mineurs
Les cannabinoïdes dont nous allons parler à présent sont synthétisés en très très faibles quantités… À tel point qu’ils ne sont pas extraits de la plante, ils sont fabriqués en laboratoire, le plus souvent par hydrogénation d’une molécule de CBD.
Le tétrahydrocannabivarine (THCV)
Le THCV diffère du THC et du CBD de deux atomes de carbone manquants. Une toute petite différence qui modifie totalement son action sur le système endocannabinoïde !
En effet, dans la plante (où il est présent en très faibles quantités), le THCV fonctionne un peu comme le CBD, dans le sens où il contre balance certains effets secondaires provoqués par le THC. Il aurait ainsi un effet coupe-faim (un anti foncedalle 😉 ) et pourrait réduire la paranoïa ainsi que l’anxiété caractéristiques des fameux bad trips.
Cependant, lorsqu’il est consommé en grandes quantités (comme c’est le cas si vous achetez des produits THCV), il a un effet euphorisant proche de celui du THC. Selon celles et ceux qui l’ont testé, le THCV aurait un effet “high” qui rappelle celui des sativas.
- Découvert dans les années 70, en même temps que la cannabidivarine (CBDV), qui est très peu étudiée ;
- Légal
- Psychoactif (effet high) en grandes quantités
- Contre balance les effets secondaires du THC
Le Tetrahydrocannabiphorol (THCP)
Le THCP a été découvert il y a quelques années seulement, un peu par hasard, alors qu’une équipe de chercheurs recensait les cannabinoïdes d’une variété de cannabis thérapeutique (la FM2).
Il s’avère extrêmement intéressant, car ses 2 atomes de carbone supplémentaires lui offrent une affinité exceptionnelle avec notre système endocannabinoïde. En effet, le THCP se fixe 33 fois mieux que le THC sur nos récepteurs CB1, lesquels sont en partie responsables d’effets psychotropes.
Bref, vous l’aurez compris, le THCP est psychotrope, plus psychotrope encore que le THC : environ 10 fois plus puissant, selon certains consommateurs. À la différence du THCV, le THCP aurait un effet plutôt down (très relaxant).
- Découvert en 2019, en même temps que le cannabidiphorol (CBDP), lequel ne fait pas l’objet de beaucoup d’études…
- Légal
- Psychotrope (effet down), environ 10 fois plus puissant que le THC
L’hexahydrocannabinol (HHC)
Il a été découvert en 1949 par Mechoulam, le scientifique israélien qui a également découvert le THC (et la plupart des cannabinoïdes). Mais contrairement à ses homologues, le HHC n’est pas synthétisé dans les trichomes des fleurs, mais dans les graines de plants mâles !
Le HHC a une structure moléculaire très proche de celle du THC. Et de ce fait, il provoque des effets psychotropes similaires… C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est rapidement devenu illégal en France !
- Découvert en 1949
- Illégal en France depuis juin 2023
- Psychotrope
Les cannabinoïdes artificiels
Entre synthétique et artificiel, un éclaircissement s’impose. Les cannabinoïdes synthétiques existent dans la nature, mais ils sont fabriqués en laboratoire pour des raisons pratico-économiques. C’est notamment le cas du THCP, du THCV et du HHC.
Les cannabinoïdes artificiels comme ceux que nous allons voir sont généralement fabriqués à partir d’une molécule naturelle (le CBD), mais ils n’existent pas dans la nature. Ce sont des inventions de l’humain.
H4CBD
Le H4CBD est une molécule de CBD hydrogénée. Grâce à ses 4 atomes d’hydrogène supplémentaires, il bénéficie d’une excellente stabilité chimique lui permettant de se fixer 100 mieux aux récepteurs de notre système endocannabinoïde.
C’est pour cette raison qu’on entend dire que le H4CBD est beaucoup plus puissant que le CBD. Et selon les avis des consommateurs, c’est vrai ! En effet, le H4CBD provoquerait un état relaxant très intense, plus intense encore que ce que provoque le CBD.
- Légal
- Non psychotrope
- Très relaxant
HHCP
Le HHCP a été créé pour pallier la prohibition du HHC, un cannabinoïde psychotrope qui plaisait énormément. Fabriqué à partir d’une molécule de HHC, il provoque des effets similaires, à savoir, un état euphorique accompagné d’une légère modification de la perception.
Malheureusement, justement parce qu’il ressemble au HHC, le HHCP n’a pas tardé à rejoindre la liste des produits interdits !
- Illégal en France depuis juin 2023
- Psychotrope
HHCPO
Vous l’aurez deviné, le HHCPO est un dérivé du HHCP. Pas encore illégal, il permet aux amateurs du HHC qui sont restés sur leur faim de profiter d’effets similaires. D’ailleurs, les résines au HHCPO rencontrent un franc-succès !
- Légal
- Légèrement psychotrope
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